Les bastelle de Minnà

Minnà en Corse, ça veut dire grand-mère. Je ne parle pas le Corse mais ce mot là, je l'ai toujours connu puisque ma grand-mère paternelle on l'appelait mémé Minnà, une sorte de double mémé et une super cuisinière.
Chaque été, comme un cadeau elle nous préparait au moins une fois des bastelle*. Il y avait aussi la journée couscous - je ne sais d'ailleurs pas si elle avait rapporté sa recette de Tunisie mais je n'en ai jamais mangé de pareil avec ses courgettes et ses aubergines frites - mais bon, les bastelle, c'était le Saint Graal.
On peut trouver des bastelle à peu près partout en Corse, ce sont des chaussons farcis le plus souvent aux blettes, aux oignons ou à la courge, mais les meilleurs, pour moi, sont aux blettes et au brocciu** (prononcer bròtchiou et pas grountch ou brotch). La plupart du temps on utilise de la pâte à pain et la cuisson se fait au four mais ma minnà, elle avait un secret qui rendait ses bastelle uniques, légères et irrésistibles, sa pâte et la cuisson à la poêle. Je regrette de ne jamais avoir vraiment pris le temps de les faire avec elle, à l'époque je la regardais faire avidement et j'attendais avec impatience le moment du repas.

J'ai attendu longtemps avant de faire cette recette, d'abord parce que je ne pouvais pas trouver de brocciu ici (je n'osais pas utiliser autre chose), aussi je savais que ça prenait pas mal de temps à faire, mais surtout parce que les souvenirs étant souvent liés aux odeurs et au goût des choses, j'avais peur que mes bastelle ne soient pas à la hauteur. Et puis un jour ça me manquait trop alors j'ai essayé avec de la ricotta parce que du brocciu à Montréal ça ne risquait pas d'arriver. Et là, j'ai retrouvé la même odeur que celle de la cuisine de ma grand-mère les jours de bastelle et presque le même goût. Un vrai moment de bonheur! J'en ai refait une autre fois avec du brocciu salé que j'avais rapporté dans ma valise, c'était mieux. Mais c'est quand je les ai faites en Corse avec tout ce qu'il faut et que j'ai eu droit à un "c'est pas exactement pareil, mais elles sont pas mal" de la part de mon père qui en  avait quand même mangé quelques unes que j'ai su quelles étaient réussies.

Voilà donc la fameuse recette des bastelles de ma minnà. Une recette précieuse, un vrai secret de famille. J'ai essayé de la rendre plus précise que les quelques instructions qu'elle m'avait donné un jour au téléphone et que j'avais gribouillé sur un bout de papier et je l'ai complété par mes souvenirs mais ça reste encore approximatif. C'est peut être un peu ça aussi le secret des recettes de famille...

Les bastelle de minnà

La pâte

• 500 g de farine
• 1 oeuf
• 100 ml d'huile d'olive
• une bonne pincée de sel
• de l'eau tiède environ 200 ml

Mélanger tous les ingrédients et ajouter de l'eau jusqu'à l'obtention d'une pâte lisse mais "dure". Former un boule et la laisser reposer 1 heure recouverte d'un torchon sur un plan fariné.

La farce

• 4 bottes de blettes (bettes à carde)
• 300 g de brocciu ou de ricotta fraîche
• huile d'olive
• sel et poivre
+ huile neutre pour la cuisson

Enlever les cotes des blettes (la partie blanche) et faire cuire le vert dans une grande quantité d'eau salée. Égoutter, laisser refroidir puis presser les feuilles pour enlever l'eau au maximum. Hacher grossièrement les blettes et les assaisonner avec du sel, du poivre et de l'huile d'olive. Ne pas hésiter à goûter, le mélange doit être bien assaisonné. Ajouter le brocciu et mélanger.

Pour chaque bastella*, prendre une boule de pâte de 4 cm de diamètre (la valeur d'un oeuf de pigeon selon les instructions originales) et l'étaler très finement. Déposer une cuillère à soupe de farce sur une moitié et refermer en chausson. Répéter jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de pâte.
Faire chauffer de l'huile neutre dans une poêle et cuire quelques minutes de chaque côté. La pâte va cloquer et dorer. Déposer sur du papier absorbant et manger chaud ou tiède.

Les proportions donnent à peu près une vingtaine de bastelle mais si il reste de la farce, on peut toujours la mettre dans une omelette.
On peut aussi les faire réchauffer au four mais attention à ne pas les faire sécher.


* En corse, comme en italien la plupart des noms féminins finissent par "e" au pluriel : une bastella - des bastelle.
** Le brocciu est un fromage de brebis typiquement corse que l'on peut trouver frais de novembre à juin. Il est utilisé dans beaucoup de recettes corse mais comme il n'est pas très facile dans trouver en dehors de l'île, on peut le remplacer par de la ricotta fraîche, c'est pas tout à fait pareil mais ça marche quand même.

photos : n.v. quelques-choses (merci Emma pour le sourire)

Print Friendly and PDF

Pesto roquette-noisettes

En ce moment c'est un peu la "période verte dans l'assiette" à la maison, une petite fixette sur cette couleur, peut être en réaction à tout ce blanc qui n'en finit pas de fondre. C'est aussi une grande période pâtes, je ne sais pas combien de fois pas semaine on mange des pâtes, mais c'est souvent, très très souvent. En fait, on est très pâtes en général, le soir souvent faute de temps, d'inspiration mais surtout parce que les pâtes ça met tout le monde d'accord. Donc les pâtes c'est bien, mais avec un petit quelque chose en plus c'est quand même mieux et si c'est vert, c'est encore mieux. Ce qui nous amène au pesto. Malheureusement, je n'ai pas toujours du basilic ni des pignons de pin sous la main alors que de la roquette et des noisettes c'est plus fréquent. Et puis le mariage roquette-noisette c'est vraiment une histoire d'amour (quelques feuilles de roquette avec un filet d'huile de noisette et un peu de sel = petit bonheur).
Donc hier c'était petites coquilles et pesto roquette-noisettes...

Pesto roquette-noisettes

• 40 g de roquette
• 30 g de noisettes crues
• 30 g de parmesan rapé ou en copeaux
• 1 gousse d'ail dégermée
• 6 c. à soupe d'huile d'olive
• sel et poivre

Mettre les noisettes dans un poêle chaude et les faire griller quelques minutes en surveillant bien pour qu'elles de brulent pas. Frotter les noisettes les unes contre les autres pour en retirer la peau (on peut aussi les mettre dans un torchon ou entre 2 feuilles de papier absorbant pour les frotter) et laisser refroidir. Mettre tous les ingrédients dans un bol et mixer par accoup.
On peut garder ce pesto 2 ou 3 jours au réfrigérateur.

photos : n.v. quelques-choses

Print Friendly and PDF

Tartinade couleur St Patrick

Non, non, je n'ai pas d'ancêtre irlandais (enfin que je sache), ils se situent plutôt autour de la Méditerranée mais la Saint-Patrick avec tous ces trèfles et tout ce vert, c'est un peu un avant goût du printemps non? Alors après un hiver plutôt... comment dire… long, froid et douloureux, je m'emballe un peu pour cette fête couleur gazon. J'ai des envies de verdure, de fleurs, de printemps et je trouve que cette petite recette a la couleur idéale pour remonter le moral, pile ce qu'il me faut.
Une petite tartinade facile et rapide à faire pour l'apéro ou pour donner un air de printemps aux sandwichs. Et qui sait, elle pourrait permettre d'attraper un leprechaun...

Tartinade petits pois et menthe

• 220 g de petits pois frais ou congelés
• 1 c. à soupe de jus de citron
• 1 c. à soupe d'huile d'olive
• 1 c. à soupe de tahini
• 1/2 gousse d'ail dégermée
• zeste de citron
• 3 ou 4 brins de menthe fraîche
• sel
• poivre (ou du piment d'Espelette)

Décongeler les petits pois (zapper cette étape si ils sont frais) et les faire blanchir 2 à 3 minutes dans l'eau bouillante. Les refroidir sous l'eau froide et bien les égoutter. Mettre les petits pois et le reste des ingrédients dans un bol. Saler, poivrer et réduire en purée à l'aide d'un mixeur. Ajouter un peu plus d'huile d'olive et ajuster l'assaisonnement si nécessaire. Mettre au frais (c'est mieux mais pas obligatoire) avant de servir. La tartinade se garde 3 jours dans un bocal au réfrigérateur.

photos : n.v. quelques-choses

Print Friendly and PDF

Boulettes de veau façon Ricardo

J'adore les boulettes, le nom, la forme, le côté concentré de goûts dans une bouchée… Mais ce que j'aime moins c'est qu'elles sont souvent plutôt difficiles à digérer (je sais c'est pas glamour mais c'est vrai) et que du coup j'en étais venue à les éviter. Et puis voilà, il y a eu cette recette. Une version douce, facile à réaliser, rapide et inratable de la boulette. 

Je l'ai faite tellement souvent que je me la suis un peu appropriée. Je me permets même de faire des petites variations. On peut par exemple, changer de type de viande, faire des mélanges (boeuf + veau, agneau + veau…), ajouter des épices (un peu de cannelle ou de 4 épices avec l'agneau) ou des herbes selon l'humeur et ce qu'il y a dans les placards. Et puis il parait qu'on peut même les congeler mais ça, je n'ai pas pu tester, il n'en reste jamais.

IMG_7634.jpg

Boulettes de veau : la recette de Ricardo

• 1kg de veau haché
• 2 oeufs
• 1 tranche de pain sans croute déchiqueté
• 60 ml de lait
• 2 gousses d'ail passées au presse ail
• 1/ tasse de persil plat ciselé
• 2 c. à café de paprika
• sel et poivre 

Préchauffer le four à gril.
Faire tremper le pain dans le lait pendant 5 minutes puis ajouter tous les ingrédients et mélanger soigneusement avec les mains. Former les boulettes et les déposer sur une plaque de cuisson recouverte de papier aluminium. Cuire au four, sous le gril, pendant 10 min. en remuant à mi-cuisson.

Pour la taille des boulettes, la recette préconise de prendre la valeur d'une cuillère à soupe de mélange par boulette mais je les fais plus petites, un peu comme de bonbons de viande.

photos : n.v. quelques-choses

Print Friendly and PDF